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Index discographique | |
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Tracks: Walking (3'06"), You’re Not Even Alive (3'35"), Native Land (3'53"), Rooftop Sunset (2'18"), Bedside (2'48"), Solid Stone (2'41"), Out in the Rain (3:12), The Gone Wait (3'23"), Could Be Anyone (2'56"), Twelfth Apostle (4'25"), White Knob (3'17"), Whiskers (2'13"), Four by Four (2'50") |
La tradition évangélique
est très ferme sur le nombre d’apôtres nommés
expressément par Jésus : ils sont douze - et le douzième,
quel que soit l’ordre donné aux autres, est Judas Iscarioth,
puis Judas le traître. Les références bibliques, dans
l’œuvre de Jandek, sans être fréquentes, sont néanmoins
présentes - soit sous forme de traces, soit sous forme de prières
très intimes, très poignantes. Dans tous les cas, la prêche
y est totalement absente - ce qui est plutôt réconfortant.
Le ‘Douzième apôtre’ est à la fois le dernier album publié en vinyle, et le premier d’une longue série d’albums solitaires, après une décennie chaotique close par le déferlement bruitiste de ‘The electric end’ (in ‘Lost cause’ - une sorte d’adieu à la Fée Electricité). Finies, donc, les collaborations tapageuses : place à la méditation, tout du moins à une introspection plus tranquille. Le chant se fait ici - même par le moyen d’une étrange répétition des motifs - plus lisible : si la ligne mélodique reste soigneusement évitée, elle n’en demeure pas moins présente, comme en creux, simplement suggérée. La guitare s’est faite cristalline, et le jeu montre toute l’étendue des possibilités de la dissonance minimaliste, conférant à l’album une magnifique atmosphère, presque matinale, bleutée (à l’image, d’ailleurs, de la pochette). Pure coïncidence de calendrier, peut-être : le ‘Douzième apôtre’ a été publié quelques mois après ‘Good as I been to you’ et pratiquement en même temps que ‘Wold gone wrong’, deux albums d’un Bob Dylan revenant à l’œuvre solitaire : une guitare, une voix - deux albums en tout cas largement sous-estimés. Trop minimaux, sans doute. Si j’évoque Dylan ici, c’est la faute à Jandek : il le cite lui-même dans ‘Native land’ - ‘It’s not my fault, i live in a vault’, qui fait écho, mot pour mot, à un passage du fameux ‘It’s alright, ma (i’m only bleeding)’. Curieusement, ce clin d’œil est aussitôt ponctué à la guitare par les premières notes de ‘Volare’ - ce vieux standard de la musique populaire italienne (!). Et puis sa façon étirée de chanter ‘The native land is revolution’ n’est pas sans évoquer le Dylan de l’époque Blonde on Blonde (‘revoloooouuuuuuccccchhhhoooonne’). Après tout, ce même Bob Dylan ne s’est-il pas fait traiter de Judas, lors du fabuleux et dramatique concert dit de ‘Manchester’, en 1966 ? Et tout çà, parce qu’il avait osé fricoter avec la Fée Electricité,,, ‘Twelfth apostle’ : après sa saison en enfer et ses ‘basements tapes’, le ‘New morning’ de Jandek ? Un sérieux signe d’ouverture, en tout cas : la session d’enregistrement semble s’être déroulée dans un lieu non hermétiquement clos, comme en témoignent les quelques bruits de passage de véhicules au milieu de certains morceaux… (Phasme) |