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Parution de ‘Ready for the house’. D’abord sous le nom de ‘The Units’, l’album est ensuite crédité du nom de ‘Jandek’ (‘The Units’ étant, à l’époque, le nom d’un groupe californien, très vite disparu) . Il est tiré à mille exemplaires, ne se vend absolument pas : les rares personnes qui se le sont procuré le jugent pour la plupart inepte, tout juste bon à être rangé parmi les plus mauvais disques jamais enregistrés par ‘quelqu’un qui se prétend musicien’ – ou, au pire, à être transformé en freesbee. Par la suite, les albums s’enchaîneront à un rythme industriel, tirés – cette fois, sans doute par mesure de prudence – à trois cent exemplaires. Les ventes, bien évidemment, ne s’améliorent pas – la politique de Corwood en matière de publicité étant des plus rudimentaires (une simple affichette apposée sur la devanture d’un disquaire de Houston annonce régulièrement la sortie du dernier album).
Parution de ‘Twelfth apostle’. Dernier album fabriqué en vinyle.
Parution de ‘Graven image’, premier album directement produit en numérique.
Réédition de 'Ready For The House' (Corwood 0739). A partir de cette année, les albums analogiques commencent à reparaître sous la forme numérisée (avec de légères transformations). Les vinyles, quant à eux, deviennent indisponibles – mais commencent à faire l’objet de spéculations sur internet.
Réédition de 'Six And Six' (Corwood 0740), 'Later One' (Corwood 0741), 'Chair Beside A Window' (Corwood 0742), 'Living In A Moon So Blue' (Corwood 0743) et 'Staring At The Cellophane' (Corwood 0744).
Réédition de 'You Turn To Fall' (Corwood 0745), 'The Rocks Crumble' (Corwood 0746), 'Interstellar Discussion' (Corwood 0747) et 'Nine-Thirty' (Corwood 0748).
Réédition de 'Foreign Keys' (Corwood 0749), 'Telegraph Melts' (Corwood 0750), 'Follow Your Footsteps' (Corwood 0751), 'Modern Dances' (Corwood 0752), 'Blue Corpse' (Corwood 0753) et 'You Walk Alone' (Corwood 0754).
Réédition de 'On The Way' (Corwood 0755), 'The Linving End' (Corwood 0756), 'Somebody In The Snow' (Corwood 0757), 'One Footh In The North' (Corwood 0758), 'Laust Cause' (Corwood 0759), 'Twelfth Apostle' (Corwood 0760) et 'Graven Image' (Corwood 0761).

Au début de cette année (Janvier/Février), des photographies de Corwood ont été exposées à Amsterdam. Une chose est troublante, les activités de Corwood semblent se focaliser sur la vieille Europe (certaines des dernières pochettes sont des photographies prises en Irlande, le concert a eu lieu à Glasgow, l'expo s'est déroulé à Amsterdam...). Jandek serait-il définitivement en froid avec son continent ? Ce qui est certain, c'est que du point de vue corpulence, Jandek ne doit pas passer inaperçu à Houston Texas, parmi les mangeurs de T-Bone.

Jandek et Jacques Derrida: Même si le doute persiste quant à l’authenticité de la signature ‘Jandek – musician – Houston Texas’ sur le livre d’or du Times en hommage à Derrida – philosophe plus admiré aux Etats-Unis qu’en France, je reste troublé par un parallèle qu’il serait tentant d’établir entre deux démarches (l’une de pensée et l’autre d’expression artistique) fondées sur la notion de ‘déconstruction’. La ‘déconstruction’, c’est ce qui arrive, une fois que tout (concepts, présupposés, etc…) est évacué. C’est une notion – pour faire simple – qui vise « à redonner du jeu, à rouvrir des perspectives de mouvement, dans des pensées ossifiées et figées ». La grande question qui a hanté Derrida : « celle de l’ouverture, du possible encore inouï, de l’avenir en réserve ». Je m’égare peut-être, mais il me semble que l’expression musicale de Jandek s’accorde parfaitement avec cette interrogation – ou disons, ce souci.
Que reste-t-il en effet si on évacue de la musique toutes les notions d’harmonie, d’accord, de mélodie, de rythme, de couplet/refrain ? Il reste Jandek. Je veux dire : il reste quelque chose d’ouvert et de libre. Corwood Industries, non pas une entreprise de démolition, mais une entreprise de déconstruction ?
Alors, peut-être que Jandek ne fait effectivement pas partie de la vaste famille des musiciens ou des compositeurs de musique – mais se situe définitivement ailleurs, dans une démarche volontairement ‘déviante’, consistant à prendre appui sur la dissonance comme étant ce qui redonnerait du jeu dans l’espace sonore. La dissonance n’a certes pas attendu Jandek pour exister. L’histoire de la musique regorge de cas où la dissonance est utilisée d’abord à dose homéopathique puis de façon systématique, notamment pour aggraver un motif orchestral, ou – plus récemment – pour décentrer l’audition. Le blues extrême de Jandek a ceci de particulier : entre 1978, année où ont retenti les accords faux de ‘Naked in the afternoon’ et aujourd’hui, l’exercice de son art n’a fait qu’évoluer dans le sens d’une aggravation de la dissonance, et du caractère aléatoire de son jeu. Et maintenant, nous avons l’image. Quel sens faut-il voir à cet enchaînement de faits ? Mystère.

Ce qui est sûr, c’est que l’astéroïde se rapproche de la Terre.

« J’entendais le nom de Maurice Blanchot autrement que comme le grand nom d’un homme dont j’admire et la puissance d’exposition, dans la pensée et dans l’existence, et la puissance de retrait, la pudeur exemplaire, une discrétion unique en ce temps, et qui l’a toujours tenu loin, aussi loin que possible, et délibérément, par principe éthique et politique, de toutes les rumeurs et de toutes les images, de toutes les tentations et de tous les appétits de culture, de tout ce qui presse et précipite vers l’immédiateté des médias, de la presse, de la photographie et des écrans » (Jacques Derrida – 2003.)

Un ‘représentant de Corwood Industries’, à Glasgow, se produit en public – ce qui constitue une première dans l’activité de l’entreprise. Une prestation bénévole, dans la mesure où elle était incertaine jusqu’au dernier moment (manifestement, une exigence de Corwood). Selon toute vraisemblance, les termes du contrat entre Corwood et les organisateurs du concert – après sept mois de négociations – font notamment droit à Corwood de disposer non seulement du son, mais aussi des images de la prestation. A noter que ce concert s’est déroulé le 17 octobre 2004, soit une semaine exactement avant la sortie officielle du DVD ‘Jandek on Corwood’ réalisé il y a quelques temps, et destiné – selon les deux cinéastes responsables de ce long métrage – à faire connaître le personnage ‘Jandek’ au travers d’interviews et de témoignages de gens sensés avoir quelque chose à dire sur celui-ci. Pur hasard ? Volonté de court-circuitage ? Une chose semble certaine : Corwood est désormais en mesure de présenter des images. Et dans la logique de : ’I need to move them’, il serait très étonnant que celles-ci ne suivent pas le même chemin emprunté par le son. A noter également que beaucoup de gens ont été étonnés de l’aisance dont a fait preuve le ‘représentant de Corwood’ lors de sa prestation. C’est oublier que Jandek, depuis plus de vingt-cinq ans, s’est produit en ‘live’ (certes, devant personne – ou si peu) et n’a fait qu’improviser sa musique au fil de son inspiration du moment – et avec les moyens ‘techniques’ et les personnes qu’il a jugé utiles et suffisants.

Pour cette seule année et pour la première fois, Corwood aura produit pas moins de quatre albums: 'Shadow Of Leaves' (Corwood 0774), 'The End Of It All' (Corwood 0775), 'The Door Behind' (Corwood 0776) et 'A Kingdom He Likes' (Corwood 0777).

9 mars: Summersteps Records annonce la sortie du deuxième album hommage à Jandek 'Down In A Mirror'.

1. "Crack A Smile" - Jeff Tweedy
2. "You Painted Your Teeth" - Live Show Rabbits
3. ""The Dunes" - Eric Gaffney
4. "Your Other Man" - Okkervil River
5. "Message To The Clerk" - Brother JT
6. "I'll Sit Alone And Think About You" - Six Organs Of Admittance
7. "Cave In On You / European Jewel (Incomplete)" - Home For The Def
8. "Down In Mirror" - The Marshmallow Staircase > mp3 !
9. "White Box" - The Mountain Goats
10. "Aimless Breeze" - George Parsons
11. "Nancy Sings" - Lewis and Clarke
12. "Naked In The Afternoon" - Jack Norton
13. "Sung" - Rivulets
14. "Babe I Love You" - Kawabata Makoto
15. "The Spirit" - Wayside Drive
16. "Just Die" - A Real Knife Head
17. "Van Ness Mission" - Ross Beach
18. "I Found The Right Change" - Multi Panel
19. "Babe I Love You" - Dan Melchior
20. "You Painted Your Teeth" - Pothole Skinny
21. "With U Icon (An Homage)" - Dirty Projectors 1

Pour célébrer les sorties de Kid Icarus, Lewis and Clarke et Down In A Mirror - A Second Tribute To Jandek, Summersteps Records organise une soirée avec les performances de Kid Icarus, Lewis and Clarke et Brother JT. A cette occasion, des photographies inédites de Corwood seront présentées au public!

Vibrations, magazine suisse de musique, a consacré quelques lignes à la musique de Jandek dans son numéro (71) du mois de Mars:

"JANDEK

Un seul concert, 38 albums : un phénomène de la musique brute américaine.

Comme le yéti ou le monstre du Loch Ness, Jandek appartient à la catégorie des mystères de l'humanité. Ce chanteur de folk atonal vivant au Texas a publié la bagatelle de trente-huit albums depuis 1978...

Jandek n'a donné qu'une seule interview dans sa vie, en 1985. On la retrouve dans un fascinant documentaire qui vient de paraître en DVD. Ermite anonyme, Jandek a donné corps à une oeuvre parmi les plus personnelles et anti-commerciales jamais enregistrées. Directe, simple et minimaliste, sa musique touche au primitivisme le plus profond de la culture populaire américaine." FM

The Wire magazine annonce la programmation de Jandek lors du festival Music Lovers' Field Companion au Sage Gateshead (Newcastle - Angleterre) le 22 mai prochain à 17h30! Ce festival est mis en place par Barry Esson, qui organise aussi le festival 'Instal' à Glasgow, Écosse. A noter que “Music Lovers’ Field Companion” est le titre du dernier chapitre du livre de John Cage paru en 1961, 'Silence' (recueil d'essais, de notes et d'anecdotes sur le concept et la perception du silence).


"The music of Jandek is one of the most incomparable, deeply personal and affecting bodies of music of all time, to date spanning 40 albums since ‘Ready For The House’ first altered perceptions in 1978.  An often dark realisation of avant-blues and folk music, but one full of surprisingly vulnerable epiphanies, the genius that resides within this music can roughly be broken down if you study how an untutored and personal perspective is applied to each of the 3 key aspects of the music; guitar, voice and lyrics.
Stoically intuitive and self taught, the guitar style remains, after nearly 3 decades, a barbed proposition.  One minute maniacally grating at the strings, the next disconsolately bending them, it’s an attack built up around deviant blues chord progressions that sporadically drift out of tune, only occasionally returning to recognisable melodies.  
Vocally, it’s far beyond any recognised notions of tunefulness, ranging from a gaunt wisp to a black, anguished cry via an unmediated delivery that gives vent to the very basest of human emotions.  It’s a melancholic, ghostly and desolate moan of a voice, as haunted as Robert Johnson, bent to a sometimes iron, sometimes faltering will; enunciating far-sighted yet personal visions of universal existential truths.  
Lyrically the songs are full of allegorical fictions and metaphoric dramas, degenerated and oblique blues imagery, hallucinatory theology and corrupted childhood memories, coupled to allusions to killing time, being born away on a river, pining for lost love.  

This is only the second ever live performance, and the first to be advertised in advance." www.musicloversfieldcompanion.org/